LA DÉMARCHE
« L’homme est nature, morceau de nature dans l’aire de la nature » dit Paul Klee. Annie Pennanec’h reprend volontiers cet adage dans sa pratique picturale où figures humaines, animales ou végétales semblent fusionner avec leur environnement. Ainsi l’artiste évoque notre porosité au monde, notre faculté à nous laisser envahir et habiter par notre environnement, immédiat ou lointain. Le dehors est dedans et le dedans est dehors, par une sorte d’hybridation du corps avec ce qui l’entoure, comme dans une fusion primordiale : la frontière de notre peau n’est plus le gage d’une limite mais la promesse d’univers multiples. Annie Pennanec'h nous parle ainsi de notre intériorité et de nos états d’âme à travers les éléments de la nature qu’elle choisit pour l’affinité profonde qu’elle entretient avec eux, des arbres aux fleurs, aux étoiles, aux oiseaux, etc. Un panthéisme revisité, sensible et poétique
L'histoire personnelle de l’artiste sert de matériau où les émotions et les sensations intériorisées sont métamorphosées par l’alchimie de la peinture qui restitue au spectateur un univers figuratif et coloriste où danse le fil d'Ariane de la nature et du végétal. Elle mêle dans une grande allégresse toutes ses sources d'inspiration : symboles, mythes, bribes de souvenirs, de paysages, de littérature. Une fois amorcées, les peintures grandissent par associations d’idées.
Elle utilise de nombreux médiums, gouache, fusain, encre, acrylique, avec parfois ajouts de pigments, de colle, de sable pour la préparation de fonds gestuels à la texture minérale ; mais la peinture à l’huile reste le médium de prédilection. Le choc initial qui déclenche le processus pictural se perd parfois dans les traitements successifs ou bien c’est le contraire, l’image se donne d’emblée, frustrant la recherche dans l’advenue d’une image qui réjouit profondément, qui émerveille durablement.
De ses filiations, nombreuses et mouvantes, quelques noms d'un panthéon tout personnel :
De Guo Xi à Suzuki Harunobu; Paul Gauguin et les nabis, Caspar David Friedrich, Odilon Redon, Ernest Pignon-Ernest, Edgar Degas, Gustav Klimt, Jean Lurçat, Camille Claudel, Niki de Saint Phalle, Arthur Rackham,l'art Inuit, Aristide Maillol, Louise Bourgeois, Georgia O'Keefe, Edward Burne-Jones, Edouard Vuillard, Peter Doig, Félix Vallotton, Andy Goldsworsthy, Zao Wou Ki, Pierre Bonnard, David Hockney, Lorenzo Mattotti, Van Gogh, Najia Mehadji, etc.
Un peu d'histoire :-)
1978 – 2003 : Les commencements
À l’âge de douze-treize ans Elle découvre la peinture chinoise de Guo Xi (XIème siècle) et les estampes japonaises de Suzuki Harunobu dans les livres de la bibliothèque municipale de Quimper. Elle copie nombre de paysages et de scènes à la plume et au pinceau, à l’encre de Chine ou à la gouache. La découverte de ces œuvres délicates est un ravissement pour l'enfant qu’elle est. Elle commence à pratiquer la photographie avec un kodak rétinette et un 6x6 yashica, puis elle apprend le développement en noir et blanc. Cette formation de l’œil et de la main la dirige naturellement vers les beaux-arts où elle entre avec un premier univers pictural onirique. À la suite d'un accident, elle quitte l'école à mi-parcours et continue à peindre : paysages, nus et motifs décoratifs, à l’encre, à la peinture à l’huile, aux pastels, à la gouache...
Ce geste est nourri de grands voyages, de longues traversées des grands espaces américains (1989 puis 1994), les mêmes qui ont été célébrés par les illustres peintres paysagistes de l'Hudson river school dont elle découvre alors les tableaux.
Annie Pennanec’h éprouve tôt le besoin d’exposer son travail, paysages et personnages imaginaires au pastel pour sa première exposition dans un restaurant à Paris en 1990.
Croquis, dessin d'observation et modèle vivant nourrissent sa pratique ainsi qu’une faim jamais rassasiée de lecture - essais sur l'art et monographies, poésie, philosophie, romans…et l'écriture (journal, poésie, correspondance). Elle recopie des centaines d'extraits de ses lectures, pour les intégrer (psyché), les relire, les partager. Reflet d’un profond désir de connaissance, de compréhension des phénomènes du vivant et de l'humain, qui aide au dépassement de soi et à la transmission.
À partir de 2005 l'image et le texte s'entrelacent dans quelques peintures, révélant ou cachant une poésie qui se libère peu à peu du carcan de l'intime et de l'écriture épistolière (Peinturlue).
Le collage et la gravure enrichissent sa pratique en ouvrant de nouvelles voies autonomes. Elles influent sur sa peinture où s’immiscent des effets de collages, de changements d’échelle ou encore des effets de gravure.
Elle publie poésie et gravures aux Éditions de Morphée petite édition d'artiste qu’elle crée en 2012.
Elle pratique la sculpture de temps en temps, le travail en volume abordé comme une récréation.
Elle réalise quelques portraits et petits dessins d'illustration pour la presse ou des commandes privées.